La conception de Zazie dans le métro remonte à 1945. Deux éléments s'imposent en premier lieu à l'imagination de l'auteur.
1. Le titre du roman, et parallèlement :
À la gare d'Austerlitz un homme attend sa femme qui ramène leur nièce de la campagne. Il est furieux parce que son épouse a bêtement `` choisi '' le train qui va avoir du retard (la logique parfois déconcertante qui guidera les personnages du roman est déjà en germe dans cette étrange accusation).
Cependant, Queneau n'écrivit que quelques pages de cette nouvelle
uvre. En 1949 il y ajoutera quelques feuillets. Il était certes
requis par d'autres tâches, mais certaines difficultés
l'arrêtaient. Le titre, et aussi l'action d'abord envisagée, lui
semblaient trop proches d'un livre pour enfants de Madeleine Truel
intitulé L'enfant du métro. Queneau avait en effet imaginé de faire errer Zazie dans
les couloirs souterrains, pendant au moins une bonne partie du roman, alors
que le personnage de M. Truel était aussi une fillette à la
découverte des mystères du métro. Pourtant la ressemblance entre
les deux ;
uvres s'arrête là : Queneau voyait en effet alors
dans Zazie une petite fille aidant sa grand-mère à dépouiller i
dans les couloirs du métro des voyageurs tués à coups de
béquille par la vieille dame, ce qui ne présente évidem-i ment
guère de rapport avec les activités du personnage du livre pour
enfants.
Queneau a ainsi hésité entre plusieurs histoires, plusieurs
personnages. Plus profondément, la finalité de ce roman, sa
justification dans l'ensemble de son uvre ne lui paraissaient pas
évidentes.
Quant à la signification de l'uvre, elle n'apparut clairement à
l'auteur, de son propre aveu, qu'en octobre 1956. À partir de
l'été 1953, Queneau avait entrepris de travailler à la
rédaction de son roman de manière moins fragmentaire qu'auparavant.
C'est surtout le thème de la grève du métro, absent des premiers
jets, qui donna cohérence et sens à un texte qui n'a pas été
écrit avec la facilité que certains pourraient imaginer.