En revanche, les dialogues occupent une place importante. À la fois abondantes et ramassées, les répliques sont échangées comme des coups. Presque tous les dialogues sont des affrontements sans nuances, ils recherchent la défaite de l'interlocuteur : `` mon cul '' est l'argument essentiel de Zazie et met un terme à toute
poursuite du débat.
Les passages plus calmes, notamment les débuts des chapitres où un personnage est livré à la solitude, sont eux-mêmes caractérisés par la densité de l'écriture. Par exemple (p. 170), une quinzaine de lignes suffisent pour créer l'atmosphère d'un lieu public où somnole un groupe de clochards, évoquer la méditation mélancolique de Trouscaillon, suggérer les correspondances entre le spectacle de la petite place et les pensées du personnage. L'emploi occasionnel de périphrases (`` le mot disyllabique et anglo-saxon qui voudrait dire ce qu'elle veut dire '', p. 49), les redondances, certains développements oratoires (le discours de Gabriel), les formules volontairement lourdes (`` Puis il continua son discours en ces termes '', p. 21) font ressortir, par contraste, la vivacité du rythme. Même le récit de Zazie, pause dans l'action proprement dite, est plein de verve. Les pulsions rythmiques de l'écriture sont donc constantes.